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mercredi 7 mars 2007

QUESTIONS POUR L'ECONOMIE EUROPEENNE

GENERALITES

Definitions:
Qu'est-ce que l'économie européenne? Ceci est déjà un problème.

- S'agit-il de la somme des économies nationales situées sur le continent européen? ou, du moins des 27 pays membres au début de 2007? Sous cet angle, l'économie européenne est la deuxième du monde, entre les Etats Unis et le Japon, en attendant l'ascension de la Chine.

Peut-être un peu mieux si on ajoute des pays non membres de l'Union (Norvège, Suisse, Turquie, tous les paradis fiscaux européens) mais largement imbriqués dans le réseau d'échanges de notre continent.

Sans doute moins si on tient compte d'éventuelles pertes en ligne: le Royaume Uni après Tony Blair? la France et les Pays Bas s'ils maintiennent leur refus du traité constitutionnel? d'autres encore?

S'agit-il des éléments de l'économie gérés en commun (marché commun, espace douanier, certains principes et politiques )? les champs concenés et les espaces ont évolué depuis les textes fondateurs de 1956. sous l'effet des divers élargissements et surtout des philosophies économiques néolibérales apparues dans les années 1980. En contrepartie des éléments "fédéralistes" se sont développés, principalement autour de l'euro, aussi la politique agricole commune et les aides régionales....
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SYSTEMES ET POLITIQUES

Par son histoire, ce système européen encore largement plurinational reflète les inégalités du développement de pays plus ou moins industrialisés, l'impact des volontarismes de type keynesien , ailleurs celui des planifications communistes sous influence soviétique.

Tout ceci engendre évidemment une mosaïque de situations et de politiques difficiles à intégrer par une législation commune , par le marché, par les transferts financiers, par la diffusion pourtant rapide des pratiques collectives (technologies, société de consommation). La percolation du changement demande du temps

Le débat est vif sur les différents modèles économiques et sociaux :

- libéralisme anglo-saxon (dont le modèle provient pourtant d'une puissance particulièrement nationaliste et protectionniste, financée dans ses énormes déficits extérieurs et publics par des créanciers complaisants (Allemagne, Japon et monarchies arabes, il y a quelques années, Chine aujourd'hui)

- modèles nordiques de la "flexisécurité"

- résidus de dirigisme et d'intervention : en France par exemple, depuis les libéralisations socialistes de 1983, la solidité aujourd'hui ébranlée du capitalisme rhénan mais aussi dumping fiscal et social de plusieurs pays, surtout pour les nouveaux membres.

- financiarisation de l'économie mondiale , décalée de l'économie proprement dite, exigeant des rentabilités trop elevées (15%) dans des pays à croissance faible (ce qui suppose donc des prélèvements au profit des financiers au détriment des producteurs)

Dans ces conditions il est aujourd'hui bien difficile de définir et gérer une politique globale pour l'Europe. Comme dans les démocraties nationales, ce n'est pas l'intérêt général qui domine mais la concurrence et le compromis entre des intérêts nationaux, sectoriels ...ou d'entreprises.


CONJONCTURE

Croissance
Une grande partie du continent européen est soutenue par la hausse de la consommation : rattrapage des niveaux de vie chez les nouveaux membres, surconsommation artificielle dans les vieux pays (téléphonie mobile, "entertainment"...) . Pour la France, ce moteur date au moins de la fin des Trente Glorieuses (1973?)

Il faudra du temps pour orienter la consommation vers les biens et services nécessaires à une population vieillissante, une jeunesse prolongée et parfois plus agitée qu'active. Mais il faut assurer aussi les dépenses liées aux préoccupations écologiques (décroissance?) et la préparation de l'avenir (innovation, solidarité, nouveaux besoins...) .
De telles dépenses (sécurité, santé publique, environnement ,recherche etc..) ne relèvent pas du portefeuille des individus et, par nature, elles sont ou doivent être assurées par le portefeuille collectif (état, collectivités locales, assurances, mutuelles...). Ceci demande une révision profonde de nos valeurs et modes de gestion aujourd'hui centrés sur la consommation individuelle.

Equilibre:

Pour les européens les facteurs d'équilibre résultent en partie de la fermeté anti-inflationniste de la Banque centrale européenne qui modère les prix en se desintéressant de l'emploi et de l'investissement à long terme

Les prix sont partiellement imposés de l'extérieur, pression à la hausse du fait de l'énorme demande asiatique de matières premières et équipements. Pression à la baisse par ces mêmes pays du fait du dumping social (salaires des ouvriers chinois) et monétaires (niveau élevé de la monnaie chinoise...)

Les accidents proviennent des conflits politiques (impact sur les marchés pétroliers) mais aussi de l'éclatement des bulles spéculatives qui partent souvent des Etats Unis, de certains pays émergents voire de comportements entrepreneuriaux irrationnels (bulles immobilières, téléphone moblie...). Régulation et gouvernace pourraient limiter les énormes pertes de valeur suscitées par un management trop pressé...


Monnaie-Finances

En une vingtaine d'années, la dérégulation financière a pratiquement supprimé l'intermédiaire bancaire entre l'épargne et le crédit ou l'investissement. La volatilité boursière à très court terme se substitue au projet d'entreprise (et bien sûr à l' "ardente obligation d'un plan national"). Indépendammenrt des inégalités engendrées, ce système ne garantit évidemment pas la meilleure affectation des ressources à moyen et long terme .
Contrairement à ce qui se passe aux USA (énorme dette privée, publique, extérieure pour financer la surconsommation des ménages et les dépenses militaires) la préoccupation des déficits publics et de la dette publique joue un rôle important dans l'ensemble européen . A court terme une vision patrimoniale des finances publiques est un garde-fous nécessaire.

Mais à long terme elle est contraire aux besoins réels des sociétés européennes pour assurer l'innovation et la croissance, ce dont se moquent bien les consommateurs et les hedge funds...Pour assurer aussi le développement durable et les équilibres sociaux indispensables à l'épanouissement des individus...et leur survie collective.
La question: d'où vient l'argent et où doit-il aller mérite une reflexion qui n'est ni patrimoniale, ni purement entrepreneuriale, ni même financière mais bel et bien démocratique et de fond.

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